« Le co-développement actuel est de la poudre aux
« Le co-développement actuel est de la poudre aux yeux »
Critiques et vision du co-développement par la Cofades
Co-développement ?
Au terme éminemment politique et institutionnel répond des réalités
pour le moins contrastées. La Cofades (Coopérative de financement et
d’appui au développement économique et solidaire) nous en livre ici une
critique acerbe et partage sa propre vision qu’elle met en œuvre depuis
trois ans en Afrique et en France. Interview.
jeudi 15 mai 2008, par David Cadasse
S’il y a à boire et à manger en matière
de co-développement, ceux qui mangent et qui boivent ne sont pas
toujours, loin s’en faut, ceux qui en ont le plus besoin. La Cofades
ne mâche pas ses mots à l’égard de l’actuel visage du co développement.
La Coopérative de financement et d’appui au développement économique et
solidaire, exclusivement initiés par des chefs d’entreprise issus de la
diaspora, milite pour des pratiques centrées sur l’écoute, la
réciprocité dans l’échange, la solidarité, l’accompagnement et
l’entreprenariat. Analyses [1]. Lire la suite sur Afrik.com...
Léon ODOUDOU Ancien ministre centrafricain du
Léon ODOUDOU
Ancien ministre centrafricain du Commerce et de l'Industrie
Extraits
Le modérateur : M.
Odoudou, le micro-crédit (MC) peut il être efficace dans la lutte contre la
pauvreté ?
Léon Odoudou : Ce ne sont pas les ressources
naturelles qui font la richesse des hommes. La pauvreté en Afrique est à tous
les niveaux : instruction, alimentation (le problème des surcoûts
alimentaires font que les populations vivent au jour le jour), la santé
(l’éloignement des centres de santé fait de certaines maladies, comme le
paludisme, des fléaux). Mais dans beaucoup de pays, on importe des habits alors
que ces même pays produisent du coton.
Le MC est devenu un mot magique, mais
ce n’est certainement pas le seul moyen de réduire la pauvreté. Et depuis 20
ans que ces mécanismes sont mis en place, les pays pauvres restent pauvres. Il
est donc essentiel de s’interroger sur l’efficacité du MC. Même si ce mécanisme
a échoué en Centrafrique, il reste une réelle opportunité pour le développement
de l’Afrique. Grâce au MC, beaucoup de populations ont pu améliorer leurs conditions
d’existence. Si nous ne respections pas les règles et les mécanismes de la MF,
nous n’avons aucune chance que le MC s’implante avec succès. D’ailleurs, sur ce
terrain, l’Afrique centrale a beaucoup de retard par rapport au reste de
l’Afrique. Il faut donc créer les conditions macroéconomiques afin que la
réussite de la MF, et en particulier favoriser la bonne gouvernance.
Question de Sylla à Odoudou : Quelles
sont les marges de manœuvre dans les pays en crise ?
Léon Odoudou : Toutes les politiques d’ajustement
structurel des années 80 avaient un volet crédit. Mais il n’y avait pas de
formation. En Centrafrique, des fonds ont été mis à disposition mais furent mal
utilisés et distribués à tout va.
Question du public : J’ai l’impression que l’on a de bonnes
idées quand on n’est pas ministre. En Afrique, il y a une réelle crise de
confiance envers le politique. Ne faudrait il pas de nouveaux dirigeants ?
(…)
Léon Odoudou : Peut-être ai-je eu la malchance d’être
ministre après avoir initié un projet de MC. Mais nous avons des élections en
Afrique et nous choisissons nos dirigeants.
Vives réactions de la salle sur le mot
« Elections »
Léon Odoudou : Les pays africains ne sont pas structurés pour fournir de bons dirigeants. Et j’ai été observateur de nombreuses élections. Tout cela dépend des générations futures.
Télécharger le compte-rendu écrit de la journée
Léon ODOUDOU Ancien ministre centrafricain du
Léon ODOUDOU
Ancien ministre centrafricain du Commerce et de l'Industrie
Cliquez sur l'intervenant de votre choix pour en savoir plus et lire ou (et) voir son Intervention
Fodé SYLLA Groupe Areva(Chargé de mission
Fodé SYLLA
Groupe Areva
(Chargé de mission développement économique et social Afrique)
fode.sylla@areva.com
Le modérateur : Qu’est
ce qu’apporte Areva, premier groupe nucléaire français, à l’Afrique ?
Intervention de Fodé Sylla :
J’apprécie particulièrement d’être aux
côtés de la Cofades qui a toujours placé l’économique au cœur de ses actions.
Il est important de rappeler la nécessité de la diaspora d’être utile à
l’Afrique et la nécessité de développer le côté réseau. Beaucoup de jeunes
souhaitent être utiles à l’Afrique, et dans ce domaine, la Cofades a un rôle
important à jouer. Pendant des années, on a parlé de développement, mais ce
n’était que du saupoudrage d’aides sans suivi et qui permettait juste d’asseoir
les copinages et pérenniser les intérêts français en Afrique. Aujourd’hui, on a
ajouté le terme « co développement ». Il m’est difficile de
comprendre comment notre gouvernement peut lier la notion de co développement à
celle du retour des immigrés. Il est important de ramener les choses dans leur
contexte.
Après, il me semble important
d’inverser la question : plutôt que de se demander ce que peuvent apporter
les entreprises au développement de l’Afrique, il me semble plus pertinent de
se demander ce que les Africains ont fait pour que les entreprises françaises
se portent si bien en Afrique. Ce n’est pas aux entreprises à expliquer comment
lutter contre la pauvreté. Il faut se demander comment des pays qui ont des
ressources naturelles, des richesses et des capacités humaines en sont arrivés
là. Certes il y a eu des exploitations au mépris des structures et des cadres,
mais qui dit grosses entreprises en Afrique, dit main-d’œuvre, sous-traitants.
La méthode d’Areva est d’écouter les
gens et de recenser leurs besoins. Nous avons ainsi ciblé des problèmes de
formation et de MF. Un exemple : au Niger, nous nous sommes appuyés sur le
Crédit Mutuel pour créer la première mutuelle en plein cœur du désert qui
permet aux populations d’ouvrir un compte avec 5 000 FCFA et deux photos. Au
bout d’un an et demi, ces populations auront la possibilité de souscrire un
crédit tout en étant mutualiste, c'est-à-dire qu’ils prendront part aux
décisions de la mutuelle.
Un autre champ d’action est un projet
de relance de l’école des Mines de Niamey, car nous allons souvent chercher des
potentiels très loin alors que nous les avons sous la main.
Deux questions sont
essentielles : l’eau et l’énergie. Je réfléchis à une muraille verte qui
irait de Djibouti à Nouakchott.
Le modérateur : Et
concrètement ? Vous ne faites pas qu’écouter ?
Fodé Sylla : Depuis mon entrée en fonction à Areva
en octobre 2004, j’ai mené 3 actions : cette mutuelle au fin fond du
désert, un projet d’une centaine de forages, et l’accompagnement de 6 étudiants
de l’école de journalisme de Niamey à la CAN.
Question du public : L’économie
est forcément connectée à la politique. Pourquoi dans certains pays d’Afrique
sous tensions, il n’y a pas de développement alors même que sont présentes de
nombreuses grosses entreprises ?
Fodé Sylla : Je pense que les grosses entreprises
n’ont pas intérêt à aider les régimes autoritaires car ce n’est pas bon pour le
business. Le plus problématique, ce sont les diktats du FMI ou de la Banque
Mondiale. L’argent de la diaspora africaine représente 6 milliards d’euros.
Mais que faire si des migrants font construire des hôpitaux et que le FMI
interdit aux Etats d’embaucher du personnel soignant ?
(…)
Patrick Bidilou : Sans langue de bois, que font les
grandes entreprises pour lutter contre la pauvreté ? La pauvreté est
multiforme. En premier lieu, elle est politique et cela profite aux grandes
entreprises. Ce n’est pas l’ouverture d’une mutuelle en plein désert qui permet
de lutter contre la pauvreté. Il faut lutter pour promouvoir l’esprit
d’entreprise et non enfermer l’Afrique dans cette question de la pauvreté. Il
est indispensable que les multinationales collaborent avec des partenaires
locaux afin de favoriser les initiatives.
Fodé Sylla : Je reste à la disposition de la Cofades pour recevoir leurs propositions par écrit. Que la Cofades fasse des propositions noir sur blanc pour relancer des secteurs économiques dans différents pays, et elle sera assurée qu’Areva pourra apporter des réponses claires Et sur un plan plus personnel, je m’engage à mettre au service de la Cofades mon réseau, étayé, de directions RH afin qu’elle puisse mener à bien ses actions.
Télécharger le compte-rendu écrit de la journée
Fodé SYLLA Groupe Areva(Chargé de mission
Fodé SYLLA
Groupe Areva
(Chargé de mission développement économique et social Afrique)
fode.sylla@areva.com
Cliquez sur l'intervenant de votre choix pour en savoir plus et lire ou (et) voir son Intervention
Patrick BidilouPrésident de la Cofades(Structure
Patrick Bidilou
Président de la Cofades
(Structure initiatrice de la Cagnotte Solidaire)
bidiloupatrick@yahoo.fr
Présentation de la Cofades
Présentation COFADES
envoyé par afropeen
Patrick BidilouPrésident de la Cofades(Structure
Patrick Bidilou
Président de la Cofades
(Structure initiatrice de la Cagnotte Solidaire)
bidiloupatrick@yahoo.fr
Patrick Bidilou : La Cofades est née par les Africains pour les Africains avec des Africains car nous avions le sentiment que les initiatives vont toujours du Nord vers le Sud. En tant qu’acteurs de la diaspora, nous avons voulu développer des projets de proximité, à l’origine dans la communauté africaine. La Cofades lutte pour favoriser l’esprit d’entreprenariat. Nous travaillons avec tous les acteurs qui pensent le développement de façon équitable. Si aujourd’hui le terme de codéveloppement est à la mode, il faut savoir que des centaines d’associations le pratiquent depuis plus de vingt ans. Les micro-entreprises sont au cœur des économies africaines et le rôle de la Cofades est de les soutenir.
Patrick BidilouPrésident de la Cofades(Structure
Patrick Bidilou
Président de la Cofades
(Structure initiatrice de la Cagnotte Solidaire)
bidiloupatrick@yahoo.fr
LISTES DES INTERVENANTS
Cliquez sur l'intervenant de votre choix pour en savoir plus et lire ou (et) voir son Intervention